Le coeur de mon père, 2022 아버지의 심장

Au bout d’un an et demi après la disparition de mon père emporté par la maladie de Parkinson, la déouverte de son simulateur cardiaque, cassé et brûlé lors l’incinération de son corps, m’a incité à dessiner autour de ses mémoires. Ce pacemaker, qui rythmait autrefois les battements de son coeur, m’a alors apparu comme une relique du passé et m’a donné la volonté de raviver sa présence au-delà de son absence.

Dimensions de l’image : 34 × 42,5 cm

 
 
 

L’âme, 2024 영혼

Les papillons blancs symbolisent l’âme humaine.

En Asie, le papillon blanc incarne l’âme d’être chers décédés. L’âme du défunt transformée en cette apparence blanche se détache ainsi de son enveloppe corporelle. L’utilisation de papillons blancs dans mes photographies est le signe de ces messagers de l’âme vers des proches toujours présents dans le monde des vivants.

Dimensions de l’image : 48,8 × 60,6 cm

 

Contraction ultime, 2023 궁극적인 수축

La raideur de ses membres était particulièrement marquée par des tensions musculaires excessives. Son corps devenait de plus en plus immobile, semblant aussi rigide qu’un morceau de bois. Le moulage de ma main représente sa main torturée par la rigidité musculaire, elle-même symbolisée par le morceau de bois.

Dimensions de l’image : 43 × 53,8 cm

 

Le souffle 숨

L’arbre symbolise les rapports qui unissent le monde terrestre et céleste. Dans cette photographie, s’il respire encore, cela est grâce à la relation que j’établie entre sa présence spirituelle, représentation du masque mortuaire, et une racine d’arbre, représentation de l’arbre. Une transition vers un état futur dans l’au-delà. 

Ces rites de deuil sont pour moi un processus d’acceptation progressive d’un lien entre la vie et l’au-delà, le corps et l’âme.

Dimensions de l’image : 34 × 42,5 cm

The breath 

The tree symbolizes the relationships that connects the terrestrial and celestial worlds. In this photograph, if he is still breathing, it is thanks to the relationship that I establish between his spiritual presence, representation of the death mask, and a tree root, representation of the tree. A transition to a future state in the afterlife. These rites of mourning are for me a process of progressive acceptance of a link between life and the beyond, body and soul.

 
 
 

La filiation, 2023 혈통

L’hybridation du cœur et les racines d’arbres symbolise non seulement les vaisseaux sanguins qui amènent l’oxygène dans toutes les parties du corps mais aussi le rôle patriarcal que mon père a tenu auprès de ses six enfants.

Dimensions de l’image : 27 × 33,6 cm

Actuellement prise de vue en couleur.

Cette prise de vue sera réalisée avec la méthode de gomme bichromatée.

 
 
 
 
 

Danse macabre, 2024

La posture inversée d’un bonsaï mort reposant sur le visage de mon père m’évoque l’image d’une figurine dans une danse macabre. Cette danseuse anthropomorphique incarne la maladie de Parkinson, qui s’est d’abord posée sur son œil droit avant de marquer son visage tout entier. L'image symbolise le combat contre la maladie victorieuse.

Dimensions de l’image : 34 × 42,5 cm

 

Hérisson, 2024

Attitude de deux mains courbées par la contraction musculaire excessive caractéristique de la maladie de Parkinson.

Dimensions de l’image : 48,8 × 60,6 cm

 

Au plus intime de la vie, l’ADN, 2024

La maladie de Parkinson induit une posture en flexion du tronc, des coudes, des genoux et des hanches, dans laquelle le corps est voûté. Le corps de mon père restait souvent figé dans cette position typique. J’ai eu l’impression qu’il était enroulé dans des racines d'arbres, ce qui m’a rappelé la structure antiparallèle des brins d’ADN.

Dimensions de l’image : 52 × 62,5 cm

 

L’arbre-cœur, 2023

Symbiose entre l'homme et l'arbre, le cœur, siège des émotions, nourrit de sa chaleur l'arbre qui en retour lui offre stabilité et protection. Cette photo est une représentation symbolique de mon père.

Dimensions de l’image : 43 × 53,8 cm

 

Captation physique

La jambe gauche de mon père n’avait pas été correctement soignée après un accident survenu durant son adolescence. Il était déjà légèrement handicapé de ce côté avant de développer la maladie de Parkinson, qui prit possession de ses muscles de hanche et de cuisses. Cette maladie s’accompagne de mouvements ralentis et d’une raideur musculaire, caractérisée par une démarche traînante.

Dimensions de l’image : 48,8 × 60,6 cm

 

Confusion onirique I, 2024

Les patients Parkinsoniens décrivent le plus souvent des hallucinations, telles que des illusions visuelles, des sensations de présence, des hallucinations de passage ou des illusions d’animation. Mon père voyait souvent un objet inanimé, un encadrement ou une fenêtre, prendre soudainement une forme humaine. Ce phénomène, appelé illusion d’animation est le signe d’une psychose associée à cette pathologie.

Dimensions de l’image : 34 × 42,5 cm

 

Confusion onirique II, 2023

Mon père faisait souvent des rêves où il se battait contre des monstres. Un jour où je veillais sur lui, alors qu'il s'endormait, il s'est soudainement redressé sans difficulté pour lutter contre une présence invisible, semblant l'attaquer. Dans un élan de résistance, il saisit la barre de sa perfusion et la brandit avec force. Il l’agita un long moment, luttant contre ce que lui seul pouvait voir.

Ce phénomène est l'un des symptômes des sensations de présence, une impression d’avoir une personne dans la même pièce.

Dimensions de l’image : 34 × 42,5 cm

 

Chimère, 2024

La plupart du temps alité, il sombrait dans un sommeil plus ou moins profond. Sous ma surveillance, je notais les frémissements de ses paupières closes, comme s’il s’était enfermé dans un monde inaccessible. Ses journées étaient plongées dans la nuit, comme s’il vivait en permanence au clair de lune.

Dimensions de l’image : 48,8 × 60,6 cm

 

Fr)

Retour au Paradis

La série "Retour au Paradis" est un travail personnel, intime sur la disparition de mon père emporté par la maladie Parkinson. La découverte de son simulateur cardiaque, cassé et brûlé lors l’incinération de son corps, m’a incité à dessiner autour de ses mémoires. Ce pacemaker, qui rythmait autrefois les battements de son cœur, m’a alors apparu comme une relique du passé et m’a donné la volonté de raviver sa présence au-delà de son absence.

Titulaire d'une licence en arts plastiques, spécialité sculpture, je crée mes propres œuvres, principalement des bas-reliefs ou des haut-reliefs, en m'inspirant des principes de « frontalité » présents dans les reliefs égyptiens. Les œuvres de cette série prennent donc racine dans les archives photographiques et vidéos de mon père, sans avoir une vision précise de l’évolution de son corps et de son esprit, tous deux altérés par les symptômes de la maladie : tremblements, rigidité musculaire, ralentissement des mouvements et hallucinations. La raideur de ses membres était particulièrement marquée par des tensions musculaires excessives. Son corps devenait de plus en plus immobile, semblant aussi rigide qu’un morceau de bois.

Cette série réunit la conception des idées du dessin, l’esthétique picturale de la peinture, la matérialité et le volume propres à la sculpture,et la photographie en tant que document et vision artistique. Plus particulièrement, l’esthétique picturale de la peinture s’exprime à travers l’utilisation de trois procédés anciens : le cyanotype, qui évoque le ciel par son bleu; le Van Dyke, dont la couleur brun-rouge symbolise la terre; et la gomme bichromatée, utilisée pour traduire le rouge du cœur dans l’œuvre. L’image photographique que je crée avec ma chambre 4x5 inch fusionne ainsi ces trois médiums artistiques, offrant aux spectateurs une beauté absolue dans une seule image à laquelle chacun peut s’identifier. L’œuvre finale incarne un monde équilibré et harmonieux, non seulement par l’union de ces différents médiums, mais aussi grâce aux différentes esthétiques.

La dualité de la lumière et de l’obscurité, du jour et de la nuit, du ciel et de la terre est omniprésente dans ce projet, condensant la vie pour créer une unité cosmique par opposition.

Inspirée par le peintre symboliste Ferdinand Hodler, ma série met en avant deux principes fondamentaux : la verticalité et la symétrie centrale, que l’on retrouve dans la figure humaine, l’arbre et le papillon. L’arbre, en particulier, devient un symbole des relations qui unissent la terre et le ciel, le monde céleste et le monde terrestre. Il se dresse comme l’axe du monde, assurant aux différentes parties de l’univers de se maintenir en harmonie. Apprécié pour sa puissance virile et sa capacité à équilibrer le ciel et la terre, l’arbre se révèle dans mon travail sous la forme d’un fragment de corps humain. Les papillons blancs, parfaitement symétriques, symbolisent en Asie l’âme humaine. Leurs présences sont les messagers de l’âme du disparu vers ses proches du monde terrestres.

Sous l’influence de la peinture d’Odilon Redon, cette série évoque un monde onirique traversé par l’inconscient et où les hallucinations induites par la maladie de Parkinson prennent forme. Elle s’inscrit dans une profondeur presque psychanalytique, oscillant entre Thanatos et Hypnos.

Dans la philosophie asiatique, la mort n’est pas une fin, mais une étape dans un cycle perpétuel, comme la nuit succède au jour, ou comme les feuilles d’automne cèdent leur place à de nouvelles au printemps suivant. C’est un équilibre cosmique. Inspiré par cette vision, qui considère l’homme comme une partie intégrante d’une loi universelle, d’un tout immense, ce projet donne un nouveau souffle à une autre forme de vie, celle de l’au-delà.

 

En)

"Retour au Paradis" is a personal and intimate project that centers on the loss of my father, who was taken by Parkinson’s disease. The discovery of his pacemaker broken and scorched during the cremation of his body compelled me to draw around the traces of his memory. The device, once regulating the rhythm of his heart, appeared to me as a relic of the past and gave me the will to rekindle his presence beyond his absence.

With a degree in Fine Arts, specializing in sculpture, I create my own pieces mainly low and high reliefs drawing inspiration from the principle of frontality found in ancient Egyptian reliefs. The works in this series are rooted in photographic and video archives of my father. Yet I never had a clear image of how his body and mind evolved, both gradually affected by the symptoms of the disease: tremors, muscular rigidity, slowed movements, and hallucinations. The stiffness in his limbs was especially marked by intense muscular tension. His body became increasingly immobile, seeming as rigid as a piece of wood.

This series brings together conceptual drawing, the pictorial aesthetic of painting, the materiality and volume of sculpture, and photography as both document and artistic vision. The painterly quality is particularly expressed through the use of three historical photographic processes: cyanotype, whose deep blue evokes the sky; Van Dyke brown, with its earthy reddish tones symbolizing the ground; and gum bichromate, used to convey the red of the heart. The photographic image I create with my 4x5 inch large-format camera merges these three mediums, offering the viewers an absolute form of beauty in a single image, one to which anyone can relate. The final work embodies a balanced and harmonious world, not only through the union of these mediums, but also through the convergence of their visual languages.

The duality of light and darkness, day and night, sky and earth is ever-present throughout the project. These opposites condense life into a cosmic unity through contrast.

Inspired by the Symbolist painter Ferdinand Hodler, this series is guided by two fundamental principles: verticality and central symmetry, both of which are reflected in the human figure, in trees, and in butterflies. The tree, in particular, becomes a symbol of the connection between earth and sky, the celestial and terrestrial realms. It rises like an axis of the world, allowing different parts of the universe to remain in harmony. Admired for its virile strength and its ability to connect heaven and earth, the tree appears in my work as a fragment of the human body. The white butterflies, perfectly symmetrical, are traditionally seen in many Asian cultures as symbols of the soul. Their presence is said to be the messenger of soul visiting loved ones in the terrestrial world.

Under the influence of Odilon Redon's painting, this series evokes a dreamlike world that touches the unconscious and reflects the hallucinations brought on by Parkinson’s disease. It resides in a space that feels almost psychoanalytical,  suspended between Thanatos and Hypnos.

In Asian philosophy, death is not an end, but a transition within an eternal cycle, just as night follows day, or autumn leaves give way to new ones in spring. It is a cosmic balance. Inspired by this worldview, which sees human beings as part of a vast universal order, this project offers a new breath, another form of life, that of the beyond.